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Retour à Caramassaigne : entre forêts profondes et silences pelés

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Il y a des sites qu’on ne cesse jamais de revisiter. Caramassaigne, au bout de l’île du Riou, est de ceux-là. Depuis plus de dix ans, je descends régulièrement le long de son tombant, happé par la profondeur, guidé par la promesse de ses forêts de gorgones rouges et de ses nuages d’anthias qui vibrent comme une pluie de flammes. Hier encore, nous y sommes retournés. Mais cette fois, j’ai voulu dévier de la route habituelle, quitter les sentiers battus du récif pour chercher ailleurs, plus au sud, plus bas, là où la roche s’ouvre comme une porte vers le silence. L’exploration a tenu ses promesses au début : la richesse de la zone profonde, intacte, m’a saisi. Mais le retour dans les vingt mètres, pelé, désert, a laissé Greg, mon partenaire de plongée du jour, sur sa faim. C'est vrai qu'on a fait de plus belles plongées sur ce site. Mais on y a aussi vu l'effroyable effet du réchauffement climatique.

Petits mystères sous-marins au Cap Caveau

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Le Mistral souffle, la houle commande. Au large de Marseille, la mer impose toujours ses lois, et c’est à Christophe, directeur de plongée, de lire dans ses humeurs. Grâce à son expérience, un choix s’impose : nous mettrons le cap vers la Calanque des Cambrettes, à l’Est de la pointe sud de Pomègues, dans l’archipel du Frioul. Une crique accueillante, protégée, qui offre un mouillage sûr. Le temps de s’équiper, le clapot contre la coque, et déjà l’excitation monte. Dans un instant, nous quitterons les tourments du monde terrestre pour la quiétude des profondeurs. Plonger dans un jardin vivant Dès les premiers mètres, la calanque révèle sa richesse. Même peu profonde, elle déroule un tapis de vie foisonnante : herbiers, roches tapissées d’une faune fixée exubérante, bancs de poissons qui passent comme des éclairs argentés. La Méditerranée, qu’on croit connaître, surprend toujours ceux qui prennent le temps de la regarder. Doris dalmatienne ( Peltodoris atromaculata ) Protule rouge,...

🌙 Carro, de nuit.

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Une semaine après notre dernière plongée nocturne ici, nous devrions revenir à Carro. Le même point d’entrée, la même plage familière. Mais la mer ne répète jamais deux fois la même scène. Le 1er août, c’était une plongée paisible, un peu trop tranquille à l'aller, et donc ... un peu rapide au retour, respect du timing oblige.  Une langouste en balade, une rascasse immobile à l’affût, un crabe araignée des anémones aperçue dans son creux d’ombre. Peu d’images sur la pellicule, mais un puissant souvenir qui donne envie de revenir. Crabe araignée des anémones Ce vendredi soir, nous replongerons dans la même zone. A la recherche du monde de la nuit, mais cette fois, moins loin, moins vite, plus attentifs.

Moyades, récits croisés de blessures et de mémoire

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Une nouvelle fois, le zodiac filait vers l'îlot des Moyades, cette petite perle de calcaire posée à côté du puissant Riou. Nichée au cœur du Parc national des Calanques, ce site en est le joyau. La vie sous-marine abonde ici, maintenant, comme dans les plus belles réserves de Méditerranée.  Comme redeviendra toute la Méditerranée quand l'humain réapprendra la sobriété.

Anse Marlet – Qui de la roussette ou de l'œuf…

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Direction le Frioul en ce premier matin du mois d’août. Mistral modéré, houle d’ouest en formation. Il faut un brin d’acharnement — ou simplement l’envie de croire à sa chance — pour tenter une mise à l’eau à la pointe de Marlet. Mais ici, l’effort est souvent récompensé : c’est un de ces coins discrets où l’on peut croiser une scène rare, presque irréelle, que seule la mer sait offrir. La ville de Marseille a bien fait les choses : une bouée d’amarrage est installée pour les bateaux de plongée. Nous nous y amarrons, heureux de pouvoir limiter notre impact sur les fonds que nous aimons tant. Au-dessus de nous, les martinets noirs entament leurs ballets stridents. Ils sont chez eux, ici. C’est leur falaise, leur nidification, leur saison. Prenons le temps de les observer car le départ pour leurs quartiers d'hiver est pour très bientôt. Leur agitation aérienne semble nous dire qu’ils préféreraient qu’on passe notre chemin. Pas d’inquiétude, petits piafs : on ne veut rien à votre des...

Tête de Chien sur la côte bleue – Une plongée ordinaire, une aventure extraordinaire

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Mistral et houle en embuscade, mais pas de quoi renoncer. Le Parc national des Calanques nous tourne le dos aujourd’hui, inaccessible pour cause de vent et de mer mauvaise. Mais la Côte Bleue, fidèle complice des jours venteux, nous ouvre ses bras rugueux. Le site de la Tête de Chien, tout près de Méjean, nous attend, battu par les vagues et le souffle d’un vent d’ouest à nord-ouest bien établi. Nous embarquons à l’Estaque, sur le Mako II. Le trajet est un rodéo salé, secoués, rincés, mais le cœur léger. La bonne humeur fait office de stabilisateur. Trois palanquées du Mako Club d’Istres , dont la nôtre. Deux autonomes, photographes et vidéastes amateurs, ont embarqué eux aussi, espérant cueillir des éclats de mer avec leurs objectifs. Un relief à flanc de mystère Relief du site, issu des données SHOM    (modèle MNT Litto3D®) . Tracé du parcours du jour. Le site de la Tête de Chien se dévoile par étapes. Un tombant aux allures de muraille, tapissé de vie. Des p...

Plongée au Moulon – Côte Bleue : tombant coralligène et faune fixée

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  Au large de la calanque de Méjean, le Rocher du Moulon marque l’un des sites de plongée les plus riches de la Côte Bleue. Son principal attrait réside dans un grand tombant orienté nord-est / sud-ouest , dont les parois rocheuses tapissées de gorgones, d’éponges et de vie marine forment un véritable jardin sous-marin. Une plongée exigeante mais accessible, idéale pour les amateurs de faune fixée, de relief abrupt et d’observations naturalistes. Organisation de la plongée Accès uniquement par bateau , avec mouillage à proximité immédiate du rocher, sur zone sableuse ou rocheuse, hors posidonies. Le site est très fréquenté par les clubs de la Côte Bleue (Carry, Sausset, Niolon…), mais le tombant reste suffisamment vaste pour permettre plusieurs immersions successives sans se croiser. Immersion directe depuis l’ancre ou par descente guidée jusqu’au haut du tombant, généralement entre 15 et 20 m. Relief sous-marin : le tombant du Moulon Relief du site de plongée du M...

Plongée à l’île de l’Érevine – Côte Bleue : relief spectaculaire et biodiversité marine

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  Située face à la calanque de l’Érevine (Ensues‑la‑Redonne), l’île de l’Érevine est un atoll rocheux séparé du continent par un étroit chenal. Bien connu des plongeurs locaux, ce site populaire allie beauté géologique, richesse biologique et atmosphère authentique   Organisation de la plongée La plongée se pratique exclusivement depuis un bateau. Le chenal séparant l’île du rivage (moins de 100 m de large) est maintenant interdit au  mouillage pour protéger les herbiers de posidonie, respectant les règles de préservation marine . Le site, très fréquenté par les clubs de la région, offre une grande amplitude de profondeur tout en restant spacieux pour éviter la gêne entre groupes. Relief et structures sous-marines Relief du site de plongée de l’Érevine, reconstitué à partir des données bathymétriques du SHOM (modèle MNT Litto3D®). Ce modèle animé illustre les principales caractéristiques bathymétriques : un chenal peu profond (~15 m), un mur nord vertical et un gra...

La murène de Méditerranée (Muraena helena)

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  La murène de Méditerranée — Entre ombre et lumière Depuis dix ans, je croise son regard dans les anfractuosités de roche, entre deux surplombs, à la faveur d’un courant ou d’un crépuscule sous-marin. La murène de Méditerranée ( Muraena helena ) n’est pas rare, mais elle se mérite. Longue, sinueuse, souvent dissimulée, elle incarne à elle seule une partie du mystère du monde sous-marin. Sausset - Anse du petit nid - Août 2023 Portrait d’un serpent qui n’en est pas un La murène n’est pas un serpent, ni même une anguille au sens strict. C’est un poisson osseux de la famille des Muraenidae, mesurant en général entre 60 centimètres et 1 mètre, parfois plus. Son corps fuselé, dépourvu de nageoires pectorales et pelviennes, est recouvert d’une peau visqueuse sans écailles. Sa robe, brune tachetée de jaune, forme une sorte de camouflage organique — l'élégance d’un animal qui ne cherche pas à séduire mais à survivre. Son museau allongé, sa bouche largement fendue, garnie de dents acér...

Là où la vie s’accroche – L’alcyon et les gorgones, un espoir dans les profondeurs du parc des Calanques

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Depuis plusieurs années, je plonge régulièrement dans les eaux extraordinaires du parc national des Calanques, et notamment aux Moyades, ce jardin sous-marin où se mêlent falaises immergées, surplombs ombragés, et forêts de gorgones pourpres ( Paramuricea clavata ). C’est un lieu que je croyais immuable. Et pourtant, plongée après plongée, je suis le témoin d’un bouleversement silencieux. Les Moyades - Tombant Est - Mai 2025 Les canicules marines répétées, les proliférations d’algues filamenteuses, les eaux qui s’échauffent au-delà de ce que ces organismes peuvent supporter : les gorgones déclinent. J’ai vu leurs ramures se nécroser, blanchir, se dévêtir peu à peu de leur chair pour ne laisser qu’un squelette rigide, dénudé. Mais là où l’on pourrait croire la vie suspendue, un autre récit se trame. La surprise d’une résilience Car ce que j’ai observé ces derniers temps me trouble et me ravit : sur ces squelettes apparemment morts, d’autres formes de vie prennent place. Les première...

Une rencontre inattendue lors d“Istres propre” : Beroe ovata dans l’étang de Berre

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Le 17 mai 2025, dans le cadre de l’opération “Istres propre”, les membres du club Istres plongée Mako club se sont mobilisés pour le nettoyage de la plage de la Romaniquette, à Istres. Cette initiative citoyenne, portée par la ville, vise à préserver les espaces littoraux et marins en luttant contre la pollution anthropique. Munis de nos blocs, palmes et filets, nous avons exploré les fonds de la plage pour y retirer déchets plastiques, ferrailles et autres vestiges du quotidien. Mais cette sortie a aussi été marquée par une rencontre inattendue, qui a éveillé notre curiosité de plongeurs passionnés de biologie marine : dans quelques mètres d’eau, en pleine colonne, flottait un organisme translucide, en forme de poire, dépourvu de tentacules mais parcouru de reflets irisés. Il s’agissait très vraisemblablement de Beroe ovata , un cténophore planctonique aussi discret que fascinant. Souvent confondu avec une méduse, Beroe ovata fait partie d’un groupe d’organismes marins peu connus ...