Une semaine aprÚs notre derniÚre plongée nocturne ici, nous devrions revenir à Carro.
Le mĂȘme point d’entrĂ©e, la mĂȘme plage familiĂšre.
Mais la mer ne rĂ©pĂšte jamais deux fois la mĂȘme scĂšne.
Le 1er aoĂ»t, c’Ă©tait une plongĂ©e paisible, un peu trop tranquille Ă l'aller, et donc ... un peu rapide au retour, respect du timing oblige.
Une langouste en balade, une rascasse immobile Ă l’affĂ»t, un crabe araignĂ©e des anĂ©mones aperçue dans son creux d’ombre. Peu d’images sur la pellicule, mais un puissant souvenir qui donne envie de revenir.
Ce vendredi soir, nous replongerons dans la mĂȘme zone. A la recherche du monde de la nuit, mais cette fois, moins loin, moins vite, plus attentifs.
RepĂšres sous la surface
La plongée se fait depuis la plage, par une entrée douce et sans piÚge.
Le fond de la plage, en forme de U, est constituĂ© de sable et de posidonie — parfait pour le retour. Ă l’aller, nous longerons les Ă©boulis rocheux main gauche, cap au sud. Il y a peu de fond au dĂ©but et il faut palmer pour aller chercher vaillamment une dizaine de mĂštres. Ce n'est pas utile, la vie abonde de zĂ©ro Ă cinq mĂštres.
Pour mieux visualiser le relief du site, voici deux repĂšres :
– une capture Google Earth, pour situer l’ensemble ;
– une vue 3D bathymĂ©trique, gĂ©nĂ©rĂ©e Ă partir des donnĂ©es SHOM.
Une tentative — modeste, artisanale — de rendre visible ce qu’on sent sous les palmes, quand la lampe ne suffit plus Ă se repĂ©rer.
Vivement demain !
Et bien voilĂ , la nuit a tenu quelques promesses.
Le dernier coin de ciel finissait de rougeoyer lorsque nous nous sommes immergés.
Passer sous la surface est toujours un instant précieux, une transition intime entre le monde terrestre et la Nature sauvage sous-marine.
La nuit, c'est encore plus intense, encore plus puissant.
MĂȘme les plus expĂ©rimentĂ©s succombent Ă la magie.
Qu'allons-nous chercher dans cet univers si peu fait pour l'humain ? Sans équipement ni lampe, qui oserait s'y aventurer ?
Le frisson de l'inconnu.
Chaque Ă©clat de nos phares dĂ©coupe un monde neuf, que l’on dĂ©couvre peu Ă peu, mĂštre aprĂšs mĂštre. Les gestes sont plus lents, plus dĂ©licats, plus prĂ©cis.
Malgré toutes nos précautions, nous sommes bien conscients de perturber un espace secret, un ballet qui devrait rester obscur.
Les poissons n'ont pas de paupiĂšre. Nos lampe les surprennent. Le jour se lĂšve brutalement autour d'eux, puis se perd Ă nouveau dans la nuit.
 |
L'Apogon s'éveille, surpris. Il reste immobile une seconde, puis file se réfugier derriÚre le rocher. |
 |
Le Sar ne se laisse pas impressionner. Il dresse sa nageoire dorsale. Passons notre chemin. |
 |
Le Rouget reste stoĂŻque, confiant sous sa couverture de posidonies |
 |
Le Bernard l'Hermite préfÚre une coquille en calcaire. |
D'autres semblent moins perturbĂ©s par ces humains maladroits. Peut-ĂȘtre ont-ils dĂ©jĂ une expĂ©rience des plongeurs.
 |
Poulpe commun |
 |
Seiche en chasse (Ă prononcer dix fois trĂšs vite) |
Sous la surface aussi, l’intelligence naturelle prend mille formes.
Elle se cache dans le camouflage d’une vive ensablĂ©e, dans la patience calculĂ©e d’une rascasse, dans l’architecture minuscule d’un crabe araignĂ©e dans son anĂ©mone protectrice.
 |
Vive
|
 |
Rascasse
|
 |
Crabe araignée des anémones |
Elle se déploie aussi dans des gestes qui dépassent notre compréhension : un nuage de vie confié aux courants par une simple holothurie, acte à la fois humble et démesuré.
 |
Nuit d'été chez les Holothuries |
Nous nous sommes invitĂ©s dans un monde extraterrestre oĂč chaque mouvement est justifiĂ©, oĂč rien n’est gaspillĂ©, oĂč tout est Ă sa place.
Un monde qui ne nous doit rien, mais qui, parfois, accepte de nous laisser entrer.
Alors oui, la nuit a tenu ses promesses... et nous y retournerons
Liens internes :
đ Liens externes :
đ Merci pour votre lecture ! N’hĂ©sitez pas Ă laisser un commentaire ou Ă partager vos propres observations.
Commentaires
Enregistrer un commentaire