Cérianthe noir de Méditerranée : une fleur de mer énigmatique

Lors d'une plongée récente, sur le haut du tombant du Tiboulen de Frioul, j’ai eu la chance de croiser un cérianthe très particulier : entièrement noir, avec de longs tentacules sombres ondulant au gré du courant. Ce genre de rencontre suscite toujours un mélange d’émerveillement et de mystère. Car s’il est relativement aisé de reconnaître un cérianthe, déterminer précisément son espèce est une tout autre affaire.

Frioul - Tiboulen - 20m - Mai 2025

Un habitant discret des zones coralligènes

Les cérianthes sont des cnidaires anthozoaires (comme les anémones ou les coraux), mais ils s’en distinguent par leur mode de vie : ils vivent enfouis dans un tube muqueux qu’ils sécrètent eux-mêmes, souvent partiellement dissimulé dans le substrat. Seule la couronne tentaculaire émerge, parfois bien camouflée.

Le spécimen que j’ai observé était installé dans une zone coralligène, typique des versants rocheux abrités de la Méditerranée. À une vingtaine de mètres de profondeur, il dominait une petite corniche, dans une faille où la lumière peinait à filtrer.

Noir comme l’encre, mais quelle espèce ?

La coloration noire de ce cérianthe n’est pas courante mais a déjà été signalée chez certaines espèces, notamment Cerianthus membranaceus. Ce dernier est le plus fréquemment observé en Méditerranée et peut présenter une grande variabilité de teintes, du jaune pâle au violet foncé, voire au noir chez certains individus.

D’autres espèces comme Pachycerianthus solitarius peuvent aussi arborer des teintes sombres, mais sans un prélèvement ou un cliché très détaillé des tentacules externes et internes, l’identification reste hasardeuse.

Une créature aussi fragile que précieuse

Le cérianthe se nourrit de plancton et de petites proies qu’il capture avec ses tentacules urticants. Il joue un rôle discret mais important dans l’écosystème benthique. Son tube peut aussi servir de refuge à de minuscules crustacés ou vers marins.

Discret, il se rétracte en un éclair au moindre danger, s’enfonçant profondément dans son tube pour échapper aux regards… et aux objectifs.


Rencontrer un cérianthe noir au détour d’une plongée, c’est comme croiser une fleur rare dans un champ désert : un instant suspendu, entre grâce et mystère. Que l’on connaisse son nom ou non, il reste gravé dans la mémoire du plongeur attentif.

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